Un peu d'amour pour les indicateurs !

05 Octobre 025

Quel chef d'entreprise n'a pas rêvé d'avoir chaque jour en face de lui le "tableau de bord" ad-hoc, qui lui indique, en temps réel, sa vitesse de croisière, son "régime" du moment, sa consommation de ressources, sa marge de puissance, son autonomie restante et l'heure à laquelle il va atteindre son objectif ? Évidemment, avec de tels termes, la métaphore automobile vient aisément à l'esprit !

Imaginez-vous pouvoir conduire votre engin terrestre quotidien sans pouvoir en connaître ni la vitesse ni le carburant restant ? Ce serait s'exposer à des surprises désagréables, entre excès de vitesse et panne sèche, entre trop vite ou pas assez, entre surchauffe ou encrassement. Et pourtant, honnêtement, comment conduisons-nous nos entreprises la plupart du temps ? En regardant dans le rétroviseur et en espérant que l'on est passé devant le panneau à la bonne vitesse. Dans ces conditions, souvent, il est trop tard. Le sur-régime nous guette, à moins que ce ne soit l'inverse, nous avons dépassé une station-service providentielle alors que justement nous manquions de liquidités, nous avons raté une bifurcation cruciale vers une opportunité majeure, ou laissé sur le bord de la route un partenaire prometteur mais lassé d'attendre.

Pour l'entreprise aussi le besoin d'indicateurs est crucial. Ils doivent être automatiquement et systématiquement à la disposition du chef d'entreprise pour l'accompagner dans ses décisions et son pilotage. Quelques principes simples permettent de les construire, dont l'amour n'est pas le moindre !

Premier principe : ne jamais recopier une donnée

Car chaque fois que vous recopiez une donnée d'un système dans un autre, non seulement il y a gaspillage de temps et d'énergie, mais aussi augmentation du risque d'erreur, multiplication des contrôles nécessaires et des corrections inévitables. Un contre-indicateur éloquent de ce premier principe, c'est quand pour construire le tableau de bord mensuel, il faut recommencer le travail fait le mois précédent, aller piocher en divers endroits, recompiler, revérifier, retourner chercher ce qui manque, compiler de nouveau... et souvent se demander pourquoi l'on n'obtient pas le bon résultat.

L'application stricte de ce premier principe est étonnamment structurante, vous pouvez facilement en faire l'expérience. Se poser simplement la question "que dois-je changer pour ne pas avoir deux sources contenant les mêmes données" entraîne souvent de revoir profondément ses processus de fonctionnement et de remontée d'information.

Deuxième principe : fluidifier l'acquisition des données

Cela paraît également fort simple mais c'est au moins aussi structurant que le premier principe: l'acquisition en mode continu. C'est d'autant plus important qu'il n'y a pas de raison pour que les indicateurs, s'ils sont les bons, ne soient pas mis à jour très régulièrement. Autrement dit, quand l'effort pour produire les indicateurs impose la collection des bonnes valeurs en mode "urgence", il n'est pas possible de les produire à fréquence élévée. C'est comme si une partie du chemin restait dans le brouillard.

Ce deuxième principe impose de s'interroger sur les modes de saisie de l'information. Je ne vous apprendrais pas ici que "l'erreur est humaine", nous le savons tous. Alors, autant aller chercher du côté de ce qui nous empêche d'en faire et la technologie nous offre quelques avancées sympathiques dont il serait dommage de se priver !

Troisième principe : proscrire l'urgence

C'est un principe universel d'ailleurs, il ne concerne pas que les indicateurs. Et pour pousser un peu plus loin la métaphore automobile, n'est-il pas évident que le meilleur freinage d'urgence est celui que l'on évite de faire ? Ce n'est pas pressés par l'urgence que nous produisons les meilleures décisions.

Pour le chef d'entreprise, si au moment de consulter son tableau de bord, quelque soit sa fréquence, il lui faut reposer des questions à ses collaborateurs, il n'est pas rare que l'impatience, l'énervement et le stress le conduise à mettre de la pression sur ses équipes. L'urgence s'installe, l'urgence génère des erreurs, les erreurs amplifient l'urgence, et pour peu que le chef d'entreprise ait un rendez-vous le lendemain avec son banquier, il arrive qu'une partie de la soirée voire de la nuit y passe.

La survenue de l'urgence est une alerte forte qui appelle à la réflexion et au changement sur le processus qui la génère.

Quatrième principe: perdre du temps pour en gagner

Sans doute le principe le plus compliqué à mettre en œuvre. Comment accepter que perdre du temps aujourd'hui, c'est en gagner demain ? En d'autres termes, comment se mettre en situation de vérifier que le temps consacré à mieux ranger les données aujourd'hui est du temps gagné demain lorsqu'il s'agira de les rechercher et de les analyser ?

Je ne connais pas d'autre recette que la conviction du chef d'entreprise d'une part, et sa capacité à la communiquer d'autre part. Mais je peux témoigner d'une chose simple : je ne connais aucune entreprise et aucun dirigeant qui, une fois le processus de digitalisation avancé - car c'est bien de cela dont il s'agit - ait décidé de retourner en arrière, au bon vieux temps des fichiers aux noms baroques plus ou moins dissimulés dans les arborescences absconses des multiples disques durs censés servir de "sauvegarde" !

En guise de conclusion: vos indicateurs sont bons si vous les aimez !

Il est un critère indiscutable pour savoir si vous êtes sur le bon chemin, c'est l'amour que vous portez à vos indicateurs. Je sais, l'amour des indicateurs est une expression qui peut faire peur et renvoyer à une image autistique de ceux qui les adorent. Mais je ne plaisante pas en écrivant cela. Ne gardez que ceux des indicateurs que vous avez vraiment envie de voir tous les jours, que vous avez envie de partager avec toute votre entreprise, que vous avez envie de voir évoluer, et dont vous imaginez la projection dans les mois et les années qui viennent. Bref, ceux que vous aimez ! Alors vous saurez que vous traitez vos données de manière efficace !

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